07/02/2011

Les Egyptiens entre lassitude et résistance


POLITIQUE - Un premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement doit se tenir ce lundi...

La tension n’est pas vraiment retombée. Alors que le nouveau gouvernement égyptien formé par Hosni Moubarak doit se réunir au complet ce lundi pour la première fois depuis le début de la contestation du régime, les opposants qui manifestent depuis le 25 janvier sur la place Tahrir campent sur leur position. Ils exigent le départ immédiat d'Hosni Moubarak et prévoient de nouveaux rassemblements mardi et vendredi. 

Au pouvoir depuis près de trente ans, Hosni Moubarak a annoncé qu'il ne solliciterait pas de nouveau mandat lors de l'élection présidentielle prévue en septembre. Il n'entend toutefois pas quitter la présidence d'ici là et il réclame un retour au calme durant cette période de transition.

Dormir devant les roues des blindés

Afin de faciliter la circulation autour de la place Tahrir, l'un des principaux carrefours de la capitale égyptienne, l'armée a tenté tôt ce lundi de réduire l'espace occupé par les contestataires. Ces derniers sont vivement sortis de leurs tentes pour encercler les militaires et les empêcher de parvenir à leurs fins.

Pour prévenir toute initiative de l'armée, plusieurs dizaines de manifestants ont décidé de dormir devant les roues des blindés.

Reprise de l’activité

«L'armée commence à s'impatienter et les manifestants aussi. L'armée veut nous entasser dans un petit cercle au milieu de la place pour pouvoir rétablir la circulation», a déclaré Mohamed Chalabi, un manifestant de 27 ans, interrogé au téléphone par Reuters.

L'activité a repris dans une grande partie du pays dimanche et les banques ont rouvert, de longues files d'attente se formant pour retirer de l'argent liquide. Une forme de lassitude semble perceptible dans la population après quasiment deux semaines de blocage.

L’opposition prudente

Un dialogue politique a été engagé dimanche avec l'opposition, notamment les Frères musulmans, pourtant réprimés jusqu'alors par le régime. Après cette réunion présidée par le nouveau vice-président Omar Souleimane, le gouvernement a annoncé un accord sur un cadre de négociations. Il a ajouté que le processus serait supervisé par Hosni Moubarak.

Un comité a été créé afin de réfléchir à des réformes constitutionnelles. Le gouvernement a aussi évoqué la libération de prisonniers politiques, la liberté de la presse et une levée de l'état d'urgence.

L'opposition a réagi avec prudence et scepticisme en l'absence de réformes profondes. Abdel Monem Aboul Fotouh, des Frères musulmans, a jugé que la déclaration du gouvernement traduisait de «bonnes intentions mais sans inclure de changements fermes».
— C. F. avec Reuters

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